LAND
Land est une pièce créée dans le cadre du projet "Hecha la ley, hecha la trampa : or smuggling as an alternative" proposé par Maykson Cardoso (BR) pour le programme "Encura" à Barcelone.
Maykson Cardoso récupère la stratégie développée par Lucy Lippard à la fin des années 1960, les Suitcase shows, où elle amenait dans sa valise des oeuvres d'art conceptuel d'un pays à un autre. Avec l'idée de "contrebande", Maykson rajoute une lecture supplémentaire et complexifie la notion même de frontière, mettant en abîme les dispositifs de contrôle aux douanes ainsi que les réglementations en vigueur d'entrée et de sortie de marchandises. Ce projet joue ainsi, sur une note ironique, avec la nature même des oeuvres d'art contemporain qui, grâce à leur invisibilité, passent inaperçues : les agents des douanes ne parviennent plus à faire la distinction entre des oeuvres d'art et des objets quotidiens. Ceci permet de franchir facilement des frontières internationales sans avoir besoin de faire aucun type de déclaration ni payer quelconque frais.
A partir de cette idée, Land explore la nature complexe de la pierre. Objet porteur des traces de son propre passé, la pierre peut à la fois être le matériel à l'origine des sociétés ou encore une arme mortelle. En collaboration avec Gian Spina, artiste et théoricien brésilien, professeur invité à l'école des beaux-arts de Palestine, nous avons questionné la scission entre le Moyen-Orient et l'Occident à travers de cette image. En créant un objet dans le même format que les petites bouteilles en verre communément vendues avec de l'huile ou de la terre sainte, nous avons pensé la pierre moins dans sa dimension symbolique ou religieuse que dans son caractère paradoxalement destructif toutefois créateur de lien. Altérée par le vent, l'eau et le passage du temps, la pierre n'est plus que de la poussière, déjouant ainsi toute frontière possible. Chaque bouteille contient du sable de la mer Méditerranée et une clé USB avec une vidéo à l'intérieur.
La stratégie centrale proposée par Maykson Cardoso, en collaboration avec Olivia Ardui, était de traverser l'océan Atlantique et diverses frontières sud-américaines et européennes avec les pièces produites par des artistes basés à la fois en Espagne et au Brésil. Afin de "contrebandier" l'art, c'est-à-dire, "fuir les capitaux", la proposition de chaque artiste était vendue à un prix populaire lors des actions performatives qui ont eu lieu dans les rues de Barcelone, pendant la résidence du commissaire à Hangar.com, ou encore pendant la Foire Internationale d'Art Contemporain ARCO à Madrid. L'espace d'exposition n'était plus le white-cub traditionnel, mais un tissu noir, reproduisant la logique du "top-manta"
Bouteille en verre, sable, clé USB. 5cm x 2,5cm.
Photos : Ilan Serruya
Avec : Alejandra Avilés (Mexique), Eliana Beltran (Colombie), Nuno Cassola (Portugal), Daniel Escobar (Brésil), Rafael Perez Evans (Espagne - UK), Andrea Gomez (Colombie), Carlos Monroy (Colombie), Mano Penalva (Brésil), Maria Sabato (Argentine), Tali Serruya (France) et Gian Spina (Brésil).
Avec le soutien de Hangar.com (Barcelona), Supersimetrica (Madrid), Curator's network et Hablar en Arte, 2017.